L’apprentissage d’une langue rare peut-il être un atout sur le marché du travail ?
Vous vous intéressez à la formation M2i dispensée à l’Université Paris Nanterre ? C’est qu’il y a de fortes chances que vous possédiez une profonde affinité avec les langues étrangères et que vous ayez déjà, peut-être je le crains, contracté le virus de l’international.
La maîtrise de l’anglais est obligatoire dans cette formation pour des raisons manifestes. Nous ne cesserons d’insister sur l’importance de l’anglais qui demeure non seulement la langue la plus parlée dans le monde après le mandarin mais reste incontestablement la lingua franca des affaires. La langue de Shakespeare est donc devenue indispensable sur le marché du travail et a fortiori pour les carrières internationales. En revanche, le choix de la deuxième langue étrangère vous reviendra et fera également partie intégrante de ce cursus. La possibilité d’une troisième langue sera même proposée pour les plus intrépides d’entre vous.
La langue espagnole quant à elle continue d’être plébiscitée comme la deuxième langue étrangère choisie par les étudiant, empruntant majoritairement le parcours classique mais diaboliquement efficace Anglais-Espagnol. Un couple qui continue d’avoir le vent en poupe en réponse aux nouvelles opportunités qui fleurissent aux Amériques car correspondant aussi bien à l’émergence des économies latino-américaines que l’Amérique du nord ; les Etats-Unis abritant de plus en plus d’hispanophones notamment dans les Etats frontaliers du sud. De plus, la proximité avec l’Espagne, la facilité d’apprentissage de l’espagnol ainsi qu’un mode de vie qui séduit de plus en plus de jeunes diplômés contribuent également à la popularité de cette langue étrangère en France. Muni du français, de l’anglais et de l’espagnol, vous aurez sans doute un des éventails de destination les plus large si vous vous préparez pour aux métiers de l’international.
Mais alors, quid des autres langues dont l’apprentissage se raréfie en France comme l’allemand ou l’italien ? Quelle valeur ont les langues dites plus « exotiques » et moins communes en France comme le Russe, le Chinois ou encore l’Arabe ?
Troisième langue européenne et jadis deuxième langue étrangère la plus parlée par les français (au moins jusqu’aux années 1970), la langue de Goethe a essuyé un profond désamour dans l’hexagone au cours des dernières décennies et ce, principalement au profit de la langue de Cervantès. Pourtant, avec l’Allemagne comme principal partenaire économique, la moitié des entreprises françaises déclarent échanger avec des sociétés allemandes dans le cadre de leur activité économique et la maîtrise de l’allemand devient extrêmement valorisée par certains grands groupes industriels. Les institutions européennes déplorent même une pénurie de candidats parlant le français et l’allemand pour remplacer une génération en place proche de la retraite. Par ailleurs, il n’est pas rare que de prestigieuses sociétés coopérant avec l’Allemagne, de près comme de loin, viennent chercher des talents au sein de la formation M2i. Elles se heurtent cependant à cette triste réalité : Le nombre de germanistes décroit. Et il n’y en a pas assez pour répondre à leurs offres professionnelles. Ainsi, il avantageux aujourd’hui de parler l’allemand à plusieurs égards et la maîtrise de cette langue sonne comme la promesse d’une meilleure insertion professionnelle.
L’italien fait aussi pâle figure face à l’écrasante majorité d’étudiants qui ont préféré l’espagnol comme deuxième langue latine, malgré la position de nos voisins transalpins comme partenaire commercial de choix pour la France. De nombreuses entreprises italiennes ont leur filiale en France, notamment dans le secteur du luxe et de la mode dont la santé économique est excellente. Les Italiens préfèreront le plus souvent avoir recours à leur langue natale pour les affaires et parler italien peut s’avérer être un véritable avantage sur le marché du travail. Il est important de rappeler que l’Italie conserve également sa place parmi les 10 plus grandes puissances économiques mondiales.
Concernant les langues étrangères précitées beaucoup moins répandues en France mais qui suscitent un intérêt certain comme le chinois, l’arabe, le russe ou encore le portugais, nous pouvons parler ici d’idiomes influents en puissance. Ils renvoient à ces pays connaissant une transformation économique sans précédent et qui jouent un rôle de plus en plus important sur la scène international. C’est d’autant plus vrai pour le chinois, un exemple éloquent de ces « langues d’avenir ». La Chine s’est en effet se positionnée comme la deuxième puissance mondiale et montrant un développement des plus spectaculaires tous azimuts au cours de ces dernières décennies. Un partenaire commercial incontournable, véritable « atelier du monde » qui représente une terre d’opportunités pour ceux qui sauront appréhender le mandarin. Le russe, l’arabe et le portugais ne sont évidemment pas en reste puisque la Russie, la région du Moyen-Orient et le Brésil affichent eux aussi des taux de croissance impressionnants et un potentiel économique très fort. Il y a bien sûr d’autres langues qui méritent également toute notre attention comme le japonais, l’hindi ou encore l’indonésien dont la connaissance intéresse déjà beaucoup de recruteurs.
« Au final, prends-je un risque en choisissant d’apprendre une langue étrangère moins commune ? »
Détrompez-vous, car la maitrise de ces langues étrangères, souvent peu répandues en dehors des frontières des pays où elles ont pris racine, peuvent avoir une valeur inestimable pour les recruteurs à la recherche de talents sur ces marchés spécifiques. Si les offres d’emplois nécessitant leur usage ne sont pas toujours abondantes, une chose est certaine : elles ont tendance à croître. C’est le résultat de la multiplication des échanges avec ces puissances économiques en devenir mais cela traduit aussi la volonté des transnationales de mieux pénétrer ces marchés. Les multinationales, soucieuses de mieux s’adapter à de nouveaux « el dorado » économiques, comprennent que ces derniers répondent à des modèles et des codes spécifiques. Elles s’affairent alors à acquérir une main d’œuvre qualifiée capable non seulement de communiquer dans la langue locale mais aussi d’en comprendre la culture et les particularismes (Notions essentielles pour faire des affaires dans des pays comme le Japon ou l’Inde par exemple). L’adage « Think global, act local » est de rigueur. En outre, vous vous démarquerez sur le marché du travail et ferez face à moins de compétition lors de votre insertion professionnelle si vous choisissez d’apprendre une langue moins courante qui sera de facto plus recherchée. Choisir de tabler sur une langue « exotique » est alors un choix tout aussi judicieux que celui de maîtriser une langue étrangère plus traditionnelle. Seul revers de la médaille, l’usage de ces langues vous cantonneront peut-être à interagir avec des régions du globe bien précises.
Tournez 7 fois votre langue dans votre bouche…
Il est difficile de mesurer les avantages des langues étrangères les plus rares… Ne vous efforcez pas d’apprendre les arcanes des langues paléosibériennes ou tenter de maîtriser le néo-araméen occidental en quête d’opportunités professionnelles, car vous n’aurez que pour seul privilège celui de faire partie de la poignée de personnes qui pratique encore ces idiomes, à défaut de favoriser votre insertion professionnelle.
... Ne perdez pas de vue l’essentiel pour autant
Être polyglotte est plus que jamais un atout sur le marché du travail. La maîtrise seule d’une ou de deux langues étrangères peuvent considérablement favoriser une insertion professionnelle. Mais si l’apprentissage d’une langue étrangère résulte parfois d’un calcul pragmatique, elle doit avant tout être un plaisir et doit traduire une ouverture, une curiosité pour les cultures et civilisations. Ne réfrénez pas votre envie d’apprendre une langue sous prétexte que les opportunités professionnelles que laisse entrevoir son apprentissage ne sont pas profus. Laissez-vous porter par votre sensibilité multiculturelle et émerveillez-vous par la singularité de chaque langue. Vous finirez toujours par en tirer profit, que ce soit humainement ou professionnellement.
Article rédigé par :
Dylan Zereni
M2i 2017-2018, parcours IBD